Chauves-souris et éoliennes : l’histoire se complique !

Curiosité

Écriture : Simon Gaultier
Relecture scientifique :
Alexa Sadier et Camille Leroux
Relecture de forme :
Éléa Héberlé et Eléonore Pérès

Temps de lecture : environ 10 minutes.
Thématiques :
Comportement animal (Biologie), Écologie

Publication originale : Barré K., et al., Estimating habitat loss due to wind turbine avoidance by bats: Implications for European siting guidance. Biological Conservation, 2018. DOI : 10.1016/j.biocon.2018.07.011. Accès libre sur HAL (pdf).

Illustration montrant une chauve-souris et une éolienne durant une nuit de pleine lune. La mise en scène suggère que l'éolienne et la chauve-souris sont dans une relation amoureuse mais que l'éolienne met fin à la relation en annonçant "c'est pas toi, c'est moi".

On pensait les chauves-souris inconditionnellement attirées par les éoliennes — parfois jusqu’à la mort, et ce dans le fol espoir d’y trouver le gîte, le couvert ou même l’amour. Il s’avère que la relation entre ces petits mammifères et les aérogénérateurs (l’autre petit nom des éoliennes) est plus compliquée qu’il n’y paraît, et que ces derniers sont autant capables de repousser les chauves-souris que de les attirer. Autrement dit, les chiroptères (l’autre petit nom des chauves-souris) autour des éoliennes, « ça s’en va et ça revient »…

Éoliennes et chauves-souris : une relation houleuse

Depuis plus de 15 ans, le traité international pour la conservation des populations de chauves-souris en Europe (Eurobats) recommande aux développeurs éoliens de construire leurs machines à plus de 200 mètres des haies, lisières forestières et autres linéaires boisés, et ce afin d’éviter les impacts sur les chauves-souris [1]. Une étude de Kévin Barré et collègues de 2018 montre que dans l’ouest de la France, cette recommandation est rarement respectée. Cela a des conséquences sur les populations de chauves-souris.

Initialement, cette recommandation des 200 m a été proposée pour éviter le phénomène d’attraction [*] et de mortalité des chauves-souris au niveau des éoliennes. En effet, les collisions entre éoliennes et chauves-souris engendrent la mort de centaines de milliers de chiroptères chaque année en Europe [2], phénomène susceptible d’être accru par l’attraction : les chauves-souris sont souvent attirées par les éoliennes, qu’elles confondent potentiellement avec des arbres, dans l’espoir d’y trouver des insectes, un gîte potentiel ou des congénères. Elles pourraient également être attirées par la lumière ou le bruit émis par les éoliennes [3, 4].

Un des facteurs augmentant ce risque d’attraction et de mortalité est l’implantation d’éoliennes à proximité de haies ou de forêts. En effet, les chauves-souris utilisent fréquemment ces éléments du paysage pour se déplacer à l’abri du vent et des prédateurs mais également pour chasser des insectes [5]. Installer les éoliennes à une grande distance de tout linéaire boisé permet d’éviter la création de corridors menant les chiroptères tout droit aux machines, ou tout simplement d’éviter des zones de fort intérêt pour ces mammifères.

Parallèlement, des études ont montré des baisses d’activité des chiroptères autour d’éoliennes de différentes tailles (entre 25 et 100 m de hauteur au rotor) [6, 7] [pour comprendre ce point, voir Pour approfondir]. Face à cet impact nouvellement mis en évidence qu’est l’évitement, il paraît nécessaire de l’étudier plus en détails sur des éoliennes de taille comparable à celles majoritairement implantées en France (rotor plus haut que 55 m) et vis-à-vis de l’ensemble des espèces de chauve-souris que l’on peut retrouver en Europe. Cela permettra d’évaluer par ailleurs la pertinence de la recommandation des 200 m pour limiter cet effet d’évitement.

Chauves-souris sur écoute

Kévin Barré et ses collègues se sont attelés à la tâche en étudiant la présence et l’activité des chiroptères autour d’un grand nombre de parcs éoliens dans l’ouest de la France (Bretagne et Pays de la Loire). Animaux essentiellement nocturnes, il n’est pas toujours facile de les observer en pleine nuit, et encore moins de les étudier et de les compter. Cependant, les chauves-souris peuvent être efficacement suivies à l’aide de microphones et d’enregistreurs. 

Avant d’aller plus loin, il faut savoir qu’au cours de l’évolution, la majeure partie des chauves-souris (et c’est le cas de celles présentes en France métropolitaine) ont acquis la capacité d’écholocalisation : elles émettent et reçoivent des ultrasons grâce à un sonar (leur appareil auditif est plus performant que le nôtre) afin de se repérer dans la nuit, d’éviter les obstacles et de localiser des proies.

La méthode principale employée par les chercheurs et chercheuses spécialistes des chauves-souris est donc d’enregistrer et de décoder ces ultrasons. Leur analyse permet non seulement d’identifier les espèces présentes, mais aussi de caractériser leur utilisation du site : est-ce un corridor de déplacement, un site de chasse ou un site de reproduction ? Il est toutefois impossible de compter le nombre de chauves-souris présentes grâce à l’écoute des ultrasons ; les chiroptérologues estiment uniquement le niveau d’activité des chauves-souris, c’est-à-dire le nombre de contacts enregistrés (1 contact = 1 séquence de 5 secondes de signaux), pour évaluer l’importance et la qualité d’un site donné pour ces animaux.

Dans le cadre de notre étude, Kévin Barré a posé des microphones autour de 29 parcs éoliens, afin de mesurer l’activité des chauves-souris à différentes distances des éoliennes. L’étude a eu lieu en Bretagne et dans les Pays de la Loire, dans un paysage dit agricole, et donc principalement composé de champs, de forêts de petite taille et… de haies. Comme énoncé dans l’introduction, les haies sont très importantes pour les chauves-souris dans leurs déplacements, voire pour la chasse (un petit snack sur la route est toujours apprécié). Le scientifique a donc installé tous ses micros sur des haies situées entre 0 et 1 000 m d’une éolienne. Le suivi a duré environ un mois, et des enregistreurs ont été posés sur 207 sites différents, autour de 151 éoliennes.

En complément, la présence de divers éléments (forêts, plans d’eau, bâtis, cultures) a été étudiée autour de chaque micro. De cette manière, on peut séparer l’effet des éoliennes des effets du paysage dans les analyses statistiques.

Ne t’approche pas, c’est pour ton bien ?

Au total, huit espèces, trois groupes d’espèces (on regroupe certaines espèces trop difficiles à identifier séparément sur la base des ultrasons) et deux guildes [**] (ici les chauves-souris glaneuses et à vol rapide) ont été étudiés. L’espèce la plus représentée dans les données est aussi l’espèce de chauve-souris la plus abondante en France métropolitaine : la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus). 

Une photo d'une pipistrelle commune posée sur un mur en bois vert.
Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus). Crédit : Denley Photography/Unsplash.

Le résultat principal de l’étude est que l’augmentation de la distance aux éoliennes a un effet positif sur l’activité de quatre espèces et deux groupes d’espèces, et sur les deux guildes (Figure 1). En d’autres termes : plus on s’éloigne des éoliennes, plus ces chauves-souris sont actives au niveau des haies. A contrario, si on se rapproche des éoliennes, l’activité diminue.

7 graphiques avec à chaque fois les mêmes axes : abscisses « Distance à la plus proche éolienne (m) » gradué de 0 à 1000 ; en ordonnées en noir « Nombre de contacts de chauves-souris » gradué différemment pour chaque graphe et en ordonnées en rouge « Pourcentage de contacts perdus » gradué de 0 à 100. Sur chacun des 7 graphes, il y a une courbe noire pleine qui globalement va d’en bas à gauche à un peu plus haut à droite, ainsi qu’une courbe rouge pointillée qui globalement va d’en haut à gauche à plus bas à droite. Les graphes sont annotés « Barbastelle d’Europe », « Murins », « Noctule de Leisler », « Pipistrelle commune », « Oreillards », « Espèces à vol rapide » et « Espèces glaneuses ».
Figure 1. Variation de l’activité des chauves-souris en fonction de la distance à l’éolienne la plus proche pour les espèces, groupes et guildes où l’impact mesuré est statistiquement significatif (c’est-à-dire : des tests statistiques démontrent que les différences de niveaux sont bien dues aux éoliennes et non pas à d’autres paramètres comme les conditions météorologiques). Les courbes noires indiquent le nombre de contacts de chauves-souris en fonction de la distance à l’éolienne. Les courbes rouges pointillées indiquent la perte d’activité en pourcentage, calculée à partir de l’activité maximale enregistrée. Par exemple : pour la Barbastelle d’Europe, l’activité maximale (le nombre le plus élevé de contacts) a été mesuré à 1 000 m des éoliennes. Cela veut dire que l’activité de la Barbastelle augmente quand on s’éloigne des éoliennes. Le pourcentage de contacts perdus à cette distance est donc de 0 % (c’est l’activité maximum ici). L’activité de la Barbastelle étant plus faible quand on se rapproche des éoliennes (courbe noire), le pourcentage de contacts perdus augmente (courbe rouge pointillée). Pour la Barbastelle, on peut voir une baisse d’environ 26 % du nombre de contacts à 0 m de l’éolienne.

L’activité des chauves-souris a été mesurée entre 0 et 1 000 m des éoliennes, mais les résultats de l’étude montrent qu’à 1 000 m, l’activité est toujours influencée par la présence d’éoliennes. Il n’y a pas de plateau visible sur les graphiques (pas de segment horizontal sur les courbes noires de la Figure 1). L’effet négatif des machines, quelle qu’en soit l’origine, affecte donc les chauves-souris au-delà de 1 000 m. Cela veut aussi dire que la baisse d’activité calculée dans cette étude est sous-estimée, car le niveau maximal mesuré à 1 000 m et servant de niveau de référence pour les calculs est en réalité un niveau d’activité déjà affecté par les éoliennes, et n’est donc pas un niveau d’activité « normal » pour les chauves-souris.

La cause de cette baisse d’activité près des éoliennes est probablement l’évitement des machines par les chauves-souris, mais les phénomènes menant à cet évitement n’étaient pas connus au moment de la publication de ces travaux [***].

Éoliennes et haies : gardez vos distances !

Pour évaluer si les recommandations d’Eurobats concernant les distances entre éoliennes et linéaire boisé ont été respectées, l’équipe a plus récemment collecté les coordonnées précises de chaque éolienne ainsi que la localisation des haies environnantes en Bretagne et Pays de la Loire, et plus généralement pour toute la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni à l’occasion d’une seconde étude [8].

Kévin Barré et ses collègues ont donc recensé 1 136 éoliennes dans l’ouest de la France en 2022, et ont calculé que 99 % et 82 % d’entre elles, en Bretagne et Pays de la Loire respectivement, étaient situées à moins de 200 m d’une lisière ou haie. Ils n’ont noté aucune différence entre avant et après la publication des recommandations d’Eurobats concernant cette distance aux haies, montrant que les développeurs éoliens n’ont pas tenu compte de ces recommandations lors de l’établissement de nouveaux parcs. Les scientifiques n’observent également aucune amélioration au cours du temps, malgré le renforcement des préconisations et connaissances à ce sujet.

Pour finir, l’équipe de recherche a proposé une méthode pour quantifier plus facilement l’évitement des éoliennes par les chauves-souris, en se basant sur l’évolution des niveaux d’activités des chiroptères à différentes distances des éoliennes pour calculer une « longueur de haies désertée » par ces animaux. Par exemple, si l’activité des chauves-souris est 50 % plus faible à 400 m des éoliennes qu’à 1 000 m (la distance maximale étudiée ici, qui sert de niveau de référence), alors on peut estimer que 50 % des haies situées à 400 m des éoliennes seront désertées.

En se concentrant sur un rayon de 1 000 m autour des 151 éoliennes étudiées en 2018, les scientifiques ont pu établir que 145 km de haies étaient désertées par les chauves-souris à vol rapide, et 397 km par les espèces glaneuses. Si l’on extrapole aux 909 éoliennes de la région présentes à cette période en 2018, on atteint des valeurs de 872 et 2 390 km de haies abandonnées par les deux groupes de chauves-souris, un impact considérable quand on sait que les haies sont des corridors et zones de chasse vitaux dans une partie de la France très peu boisée.

S’assurer que l’énergie verte ne soit pas teintée de rouge

Quel est l’objectif de telles études ? Quel est l’intérêt de savoir que les chauves-souris évitent les éoliennes ? de protéger les chauves-souris de cet impact ?

Jusqu’à présent, les chauves-souris étaient prises en compte dans les projets éoliens uniquement au regard du risque de collision. Or, certaines espèces et en particulier les espèces volant bas (sous la hauteur des pales) ne sont pas ou peu concernées par ces risques de collisions, et sont donc souvent négligées dans les études permettant d’évaluer les impacts d’un projet sur les chauves-souris.

Les résultats de l’étude de Kévin Barré et de ses collègues, ainsi que ceux des études qui ont précédé et celles qui ont suivi, sont donc intéressants et importants car ils concernent des espèces aux comportements écologiques différents (chauves-souris glaneuses ou à vol rapide) des espèces habituellement prises en compte dans les études d’impact écologique, incitant alors à la prise en compte de ces espèces jusqu’ici peu considérées dans les projets de développement éolien.

Parallèlement, cela permet de voir que la recommandation des 200 m d’Eurobats, en plus de ne pas être respectée, est insuffisante. Les éoliennes affectent les chauves-souris dans un bien plus grand rayon que 200 m — a minima 1 000 m. Les habitats autour des éoliennes représentent des couloirs de déplacement, des zones de chasse, potentiellement des gîtes ou des sites de reproduction pour les chauves-souris. Éviter ces habitats, c’est donc les perdre, mais surtout devoir en trouver d’autres ailleurs. On peut supposer que cela implique, entre autres, plus d’effort de prospection, davantage de dépense d’énergie pour atteindre des zones plus éloignées, être en compétition avec plus de congénères, devoir trouver un autre gîte, être éloigné d’autres congénères, etc. 

Il paraît donc essentiel de prévenir ces impacts sur les chauves-souris, en commençant par localiser les futures éoliennes loin de tout site important pour les chiroptères, et notamment loin de toute forêt ou haie. Et quand éviter l’impact n’est pas possible, il doit être réduit, par exemple en implantant moins d’éoliennes ou des éoliennes plus petites. En dernier recours, il doit être compensé par exemple par la création de nouvelles haies pour « rattraper » l’abandon de celles situées près des éoliennes. De jeunes haies ont cependant rarement la même valeur écologique que des haies plus anciennes : cette mesure doit donc être complémentaire aux précédentes.

Si vous vous demandez pourquoi protéger les chauves-souris, l’équipe de chercheurs rappelle l’importance des chauves-souris dans les écosystèmes [****], notamment en milieu agricole : exclusivement insectivores, les chauves-souris européennes se nourrissent de multiples ravageurs des cultures, permettant d’éviter de nombreux dégâts. Sur d’autres continents, des espèces frugivores ou nectarivores participent à la pollinisation et la dissémination des graines (sans chauve-souris, pas de tequila !). Et c’est sans compter leur consommation de moustiques, vecteurs de nombreuses maladies et gâcheurs de nombreuses soirées d’été. Maintenir la présence des chauves-souris dans les milieux agricoles, c’est donc non seulement un gage de la qualité de ces milieux, mais c’est aussi s’assurer que les services qu’elles nous fournissent soient préservés.

Toutefois, si l’on veut voir ce phénomène d’évitement pris en compte dans le déploiement de l’éolien et par extension voir les chiroptères protégés des impacts de ce dernier, les recommandations ne suffiront pas. Kévin Barré et son équipe le montrent ici : à l’échelle nationale 56 % des éoliennes ne respectent pas la recommandation d’Eurobats de 2008, et ce chiffre varie de 25 à 100 % selon les régions. Il est donc impératif de transformer ces recommandations en législation car, sans contrainte, la majorité des développeurs éoliens ne font pas ou peu pour les chiroptères ou la biodiversité en général [8].

La responsabilité est donc du côté de l’État et de l’Union Européenne pour que les chauves-souris et la biodiversité ne fassent plus les frais de la transition énergétique.


Éléments pour approfondir

Les éoliennes soufflent le chaud et le froid sur leur relation avec les chiroptères, ou comment les éoliennes peuvent à la fois attirer et repousser les chauves-souris…

Comme dit dans l’introduction de cet article, les éoliennes attirent les chauves-souris, et c’est prouvé. Alors comment Kévin Barré et son équipe ont-ils pu observer le phénomène inverse ?

Évidemment, et comme souvent avec la nature : ce n’est pas noir ou blanc, ça dépend du contexte, des espèces, et de plein de facteurs inconnus des chercheurs et chercheuses.

Ci-dessous, quelques éléments de réponse tirés de publications postérieures à celle de Kévin Barré.

En 2022, Camille Leroux et son équipe ont enquêté sur la coexistence des phénomènes d’attraction et d’évitement dans un même contexte, en mesurant l’activité des chauves-souris à différentes distances des haies, dans des lieux avec ou sans éolienne à proximité [9]. À moins de 40 m des haies, l’activité est plus basse en présence d’éolienne qu’en l’absence d’une éolienne. Entre 40 et 100 m des haies, l’activité est plus forte en présence d’une éolienne qu’en son absence. Cela montre que des éoliennes situées près d’habitats favorables repoussent les chauves-souris, mais les attirent quand il n’y a pas d’habitat favorable à proximité.

En 2023, Julia Ellerbrok et collègues observent qu’à proximité d’éoliennes en fonctionnement, l’activité des chauves-souris de milieux fermés diminue avec l’augmentation de la vitesse du vent, alors que cette activité ne varie pas si les éoliennes ne fonctionnent pas [10]. Les autrices et auteurs de la publication suggèrent que le bruit généré par les éoliennes en cas de fort vent serait la source de cette diminution d’activité.

En 2023, une équipe de scientifiques menée par Camille Leroux montre l’influence des caractéristiques des éoliennes elles-mêmes sur l’activité des chiroptères : densité des machines, distance entre les pales et le sol, position des chauves-souris par rapport à l’éolienne et à la direction du vent, fonctionnement, taille du rotor, etc. [11]. De nombreux paramètres affectent les chiroptères.

En 2024, Camille Leroux et collègues montrent que la pipistrelle commune évite la zone derrière les éoliennes en fonctionnement, soumises à de nombreuses turbulences [12]. Ils et elles montrent aussi que la réponse des chauves-souris face aux éoliennes (attraction ou évitement) dépend de si ces chauves-souris se trouvent ou non exposées à ces turbulences. 

En résumé, on sait déjà que les phénomènes d’attraction et d’évitement des chauves-souris dépendent de plusieurs facteurs liés aux éoliennes elles-mêmes, aux conditions météorologiques, au paysage, à l’écologie des espèces. Et la liste risque sûrement de s’allonger dans les prochaines années.


[*] Le terme original en anglais, attraction, a été gardé, même s’il ne s’agit pas d’un phénomène physique comme la gravité, mais bien un phénomène comportemental.

[**] Les guildes sont des regroupements d’espèces basés sur une caractéristique particulière de leur écologie, comme la stratégie de chasse. Nous avons ici deux guildes : les espèces glaneuses, qui chassent en attrapant des proies posés sur le sol ou la végétation et qui volent lentement (exemple : les murins) ; et les espèces à vol rapide, qui ont tendance à attraper des proies volantes (exemple : les pipistrelles et noctules).

[***] Ils n’étaient pas connus au moment de la publication de ces travaux mais depuis, plusieurs études ont clarifié quelque peu la situation. Voir la partie Pour approfondir à la fin de l’article.

[****] Écosystème : ensemble des êtres vivants et de leurs interactions (prédation, symbiose, etc.) dans le milieu naturel. Chaque espèce y a un rôle à jouer, via la chaîne alimentaire entre autres. Les chauves-souris consomment des insectes, et sont à leur tour consommées par certains rapaces nocturnes ou carnivores. Si les chauves-souris disparaissent, certaines espèces d’insectes pullulent (moustiques, papillons de nuit), tandis que leurs prédateurs devront trouver une autre source de nourriture (ou disparaître à leur tour).


[1] Rodrigues et al., Guidelines for Consideration of Bats in Wind Farm Projects – Revision 2014. Eurobats publication series, 2015. ISBN : 978-92-95058-31-6. [Rapport]

[2] Arnett E.B., et al., Impacts of wind energy development on bats: a global perspective. Dans Bats in the Anthropocene: conservation of bats in a changing world (C. Voigt and T. Kingston, eds.), 2016. DOI : 10.1007/978-3-319-25220-9_11. [Livre de science]

[3] Jonasson K.A., et al., A multisensory approach to understanding bat responses to wind energy developments. Mammal Review, 2024. DOI : 10.1111/mam.12340. [Publication]

[4] Guest E.E., et al., An updated review of hypotheses regarding bat attraction to wind turbines. Animals, 2022. DOI : 10.3390/ani12030343. [Publication]

[5] Heim O., et al., The relevance of vegetation structures and small water bodies for bats foraging above farmland. Basic and Applied Ecology, 2017. DOI : 10.1016/j.baae.2017.12.001. [Publication]

[6] Millon L., et al., Wind turbines impact bat activity, leading to high losses of habitat use in a biodiversity hotspot. Ecological Engineering, 2018. DOI : 10.1016/j.ecoleng.2017.12.024. [Publication]

[7] Minderman J., et al., Landscape-scale effects of single- and multiple small wind turbines on bat activity. Animal Conservation, 2017. DOI : 10.1111/acv.12331. [Publication]

[8] Barré K., et al., Over a decade of failure to implement UNEP/EUROBATS guidelines in wind energy planning: A call for action. Conservation Science and Practice, 2022. DOI : 10.1111/csp2.12805. Publication

[9] Leroux C., et al., Distance to hedgerows drives local repulsion and attraction of wind turbines on bats: Implications for spatial siting. Journal of Applied Ecology, 2022. DOI : 10.1111/1365-2664.14227. [Publication]

[10] Ellerbrok J.S., et al., Forest bat activity declines with increasing wind speed in proximity of operating wind turbines. Global Ecology and Conservation, 2023. DOI : 10.1016/j.gecco.2023.e02782. [Publication]

[11] Leroux C., et al., Disentangling mechanisms responsible for wind energy effects on European bats. Journal of Environmental Management, 2023. DOI : 10.1016/j.jenvman.2023.118987. [Publication]

[12] Leroux C., et al., Distribution of common pipistrelle (Pipistrellus pipistrellus) activity is altered by airflow disruption generated by wind turbines. PLOS One, 2024. DOI : 10.1371/journal.pone.0303368. [Publication]


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